Il n’y a pas de bruit, pas d’alerte, Juste le silence. Une personne meurt, son mot de passe meurt avec lui.
Un disque dur reste dans un tiroir ou part à la poubelle et des millions s’effacent.
C’est peut-être ça, la version moderne du coffre-fort au fond du jardin, dont on a jeté la clé. Sauf que le jardin, c’est internet et la clé, c’est un mot de passe qui n’a probablement jamais été partagé.
Un cimetière de bitcoins
Près de 3,7 millions de BTC. Environ 20 % de tout ce qui a été miné depuis 2009. Coincés à jamais. Des bitcoins “fantômes”, enfermés dans des portefeuilles dont personne ne peut y accéder.
Ils ne sont pas volés, pas effacés, pas détruits. Ils sont là, visibles sur la blockchain, mais gelé pour l’éternité. C’est-à-dire, Une forme de mort numérique.
Chainalysis le confirme : ces bitcoins ne bougent plus depuis des années. Inertes. Pas parce qu’ils sont “hodlés”, mais parce que ceux qui les détenaient ne sont plus là. Ou n’ont rien laissé.
Des fortunes qui s’éteignent comme des bougies
Stefan Thomas, développeur allemand vivant à San Francisco, a reçu 7002 bitcoins en 2011. Ce paiement lui a été fait en échange d’une vidéo pédagogique sur le Bitcoin.
Il a stocké ses bitcoins sur un disque dur IronKey, un appareil conçu pour protéger les données.
Il avait noté le mot de passe sur un bout de papier… qu’il a perdu ! Ce type de disque ne permet que dix essais de mot de passe avant de bloquer définitivement l’accès.
Autre histoire, encore plus absurde : James Howells, ingénieur britannique, jette accidentellement un vieux disque dur contenant 8 000 bitcoins.
Depuis plus de dix ans, il essaie de convaincre sa mairie de le laisser fouiller la décharge municipale. De ce fait, un documentaire verra le jour à ce sujet.
Mourir en cryptomonnaie
L’héritage crypto, c’est un vide juridique et humain. Contrairement à un compte en banque, il n’y a pas de procédure automatique, pas de “succession” prévue par défaut.
Autrement dit, pas de notaire qui frappe à la porte avec un dossier. Juste un wallet et un mot de passe que personne ne connaît. Il reste beaucoup de travail à faire à ce sujet pour avoir, au minimum, un cadre.
On peut faire mieux. Mais on ne le fait pas.
Les solutions existent. Il y a les wallet multisignature, ils nécessitent plusieurs clés pour débloquer les fonds. Également les coffres-forts numériques de style Casa ou Glacier.
Les “dead man switches”, des mécanismes qui, en cas d’inactivité prolongée, envoi automatiquement des clés à une personne désigné.
De plus, des projets comme Sarcophagus proposent même un système décentralisé, à mi-chemin entre la blockchain et le testament scellé. Ces outils sont clairement sous-utilisés. Par ignorance, ou parce qu’on préfère ne pas y penser.
The decentralized Dead Man’s Switch safeguards your #Legacy. Immutably recover or pass down important credentials, #data, and private keys without a third party intermediary. The Tomb dApp is live on the @base @0xPolygon, @arbitrum, & Ethereum networks! pic.twitter.com/5d6NrGe8FU
— Sarcophagus ⚰️ (@sarcophagusio) July 21, 2024
Un jour, ce sera trop tard
La première génération de millionnaires en Bitcoin est en train de vieillir. Ceux qui ont acheté pour quelques dollars en 2011 ou 2013 ont aujourd’hui 40, 50, parfois 70 ans. Le temps passe.
En conséquence, si rien n’est fait, des milliards de dollars vont continuer à disparaître. Lentement. Sans bruit.
Un clic manqué. Une page déchirée. Un mot de passe oublié. Une vie finie.
Ce n’est pas qu’une question de technologie. C’est une question de mémoire, car si tu ne transmets rien, il ne restera rien.
Finalement, chaque wallet perdu est un rappel que la promesse de la décentralisation repose, au final, sur un être humain et sa capacité à prévoir l’imprévisible.
Tu veux laisser quelque chose ? Commence par l’écrire. Partage-le. Protège-le.
Parce que si tu meurs demain — ton bitcoin mourra avec toi.
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