Tether, connu pour émettre le stablecoin USDT, fait un pas inattendu dans le monde de l’or. Le 10 juin, l’entreprise a annoncé avoir acquis plus de 31 % de la société canadienne Elemental Altus Royalties, spécialisée dans les royalties minières.
Montant de la transaction : environ 121 millions de dollars canadiens, via le rachat de 78 millions d’actions détenues par La Mancha Investments.
Une clause permet même à Tether d’augmenter sa participation à près de 48 % d’ici à la fin de l’année. Une opération qui change de ton, dans un secteur où les actifs numériques règnent d’ordinaire sans lien direct avec les ressources physiques.
L’or, un virage calculé
Ce rachat n’a rien d’un coup de tête. Tether cherche depuis quelque temps à diversifier les actifs qui garantissent la valeur de son stablecoin.
Le Bitcoin fait déjà partie de ses réserves, mais reste volatil. L’or, en revanche, a l’avantage de la stabilité, surtout dans un climat économique incertain.
Plutôt que d’investir dans des mines, Tether a choisi une entreprise de royalties. Autrement dit, elle touche une part des revenus sans s’impliquer dans les opérations minières. C’est moins risqué, plus prévisible et plus propre sur le papier.
Le Canada est l’un des cinq plus grands producteurs d’or au monde.
Tether Acquires Strategic Stake in Elemental Altus to Deepen Push Into Gold and Hard Asset-Backed Financial Infrastructure
Read more: https://t.co/uYoPf5Rd7O— Tether (@Tether_to) June 12, 2025
Le secteur prend une autre tournure
Tether n’est pas seul à explorer les “real world assets”. Circle, l’émetteur de l’USDC, investit déjà dans la dette américaine. MakerDAO revoit son protocole pour intégrer des actifs du monde réel. Le géant BlackRock a lancé un fonds tokenisé avec des actifs physiques sur Ethereum.
Les opérateurs de la crypto veulent se diriger vers des codes de la finance traditionnelle et ainsi rassurer les autorités et attirer les capitaux institutionnels.
Une image à redorer
Pendant longtemps, Tether a traîné une réputation discutable. Manque de clarté sur les réserves, soupçons de sous-couverture… L’entreprise a souvent été pointée du doigt, y compris par les autorités.
Cet investissement dans l’or pourrait donc être lu comme une tentative de se réinventer : plus solide, plus lisible, plus conforme.
Mais cela soulève aussi de nouvelles questions. Une entreprise crypto qui prend une part importante dans une société cotée : jusqu’où va son influence ? Quel rôle jouera-t-elle dans les décisions stratégiques ?
Et surtout, Tether a-t-il les épaules pour gérer ce genre d’actifs à long terme ?
Un investissement dans un climat en pleine évolution
Cette transaction en sol canadien arrive à un moment où la réglementation autour des stablecoins se concrétise tranquillement en Europe et aux États-Unis. Les organismes gouvernementaux exigent plus de garanties, plus de transparence et une meilleure surveillance des réserves.
En parallèle, les marchés restent nerveux. Entre inflation persistante, incertitudes monétaires et tensions géopolitiques, l’or revient sur le devant de la scène. Tether ne fait ici que suivre le mouvement, mais à sa manière.
Ce que ça change pour les stablecoins
En s’exposant à l’or via une société comme Elemental Altus, Tether introduit une nouvelle façon de penser les réserves d’un stablecoin. On n’est plus seulement sur du cash ou du bon du Trésor. On passe à des portefeuilles plus mixtes, plus complexes aussi. Cela ouvre des perspectives, mais ajoute aussi des responsabilités.
Reste à voir si ce virage vers les actifs réels servira vraiment à renforcer la stabilité de l’USDT. Et surtout, si Tether parviendra à convaincre qu’elle a changé de méthode.
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