La crypto traverse une semaine noire. Trois histoires, trois coins du globe, et un point commun : une industrie bousculée, où les promesses de sécurité s’effritent dès que les motivations humaines – ou politiques – prennent le dessus.

Aux États-Unis, la justice a gelé pour 225 millions de dollars de Tether, soupçonnés d’être issus d’arnaques émotionnelles d’envergure.

À New York, une escroquerie ciblant les russophones a été stoppée net, avec 300 000 dollars mis sous séquestre.

Et en Iran, une attaque informatique spectaculaire a visé la principale plateforme crypto du pays, Nobitex, avec un butin estimé à 100 millions de dollars.

Des sentiments bien rodés pour mieux dépouiller

Il y a d’abord cette affaire qui fait froid dans le dos. Des victimes, parfois seules, parfois vulnérables, séduites en ligne par des inconnus qui leur parlaient d’amour, de projets communs, et, peu à peu, d’investissements à fort potentiel.

Des histoires toutes différentes, mais construites selon un même modèle : le “pig butchering”. Un terme cru, emprunté au monde de l’élevage, pour désigner ce processus lent où les escrocs gagnent la confiance avant de faire main basse sur l’épargne.

Le Département de la Justice américain a réagi. Il a engagé une procédure pour saisir 225 millions de dollars en USDT, hébergés sur des portefeuilles liés à ces arnaques. Les fonds provenaient de centaines de victimes, certaines lourdement touchées – jusqu’à plusieurs dizaines de millions pour l’une d’elles.

Des plateformes comme OKX et Tether ont été impliquées dans le processus, collaborant avec les autorités pour localiser et geler les actifs. L’objectif : pouvoir, à terme, restituer au moins une partie des pertes.

Arnaque sur mesure à New York

Même pays, autre contexte. À New York, l’escroquerie était plus ciblée, plus localisée. Cette fois, les messages frauduleux s’adressaient à un public russophone. Le scénario ?

Des publicités promettant des placements juteux en cryptomonnaie, rédigées dans la langue des victimes. Puis, une fois les fonds envoyés, plus rien. Silence radio.

Les enquêteurs ont réussi à remonter la trace des flux. Environ 300 000 dollars ont été gelés, dans ce qui semble n’être qu’une partie d’un réseau plus large. Plus de 300 personnes seraient concernées, pour un préjudice total estimé à plus d’un million.

Cette affaire illustre une tendance préoccupante : les arnaques s’affinent, s’adaptent, et savent aujourd’hui cibler des groupes culturels ou linguistiques spécifiques.

Autrement dit, ce n’est plus la fraude de masse impersonnelle d’hier. C’est de la manipulation fine, contextualisée.

Nobitex : un hack qui dépasse la finance

Et puis il y a cette affaire, plus trouble encore. Le 18 juin, Nobitex, première plateforme d’échange crypto d’Iran, a subi une cyberattaque majeure.

Le nom du groupe derrière ? Predatory Sparrow. Un collectif déjà connu pour ses actions contre des infrastructures sensibles iraniennes.

Ici, pas de rançon. L’objectif parais double : détourner des fonds (près de 100 millions de dollars auraient été déplacés) mais aussi exposer les failles de la plateforme.

Le code source de Nobitex a été publié en ligne, avec des messages accusant l’entreprise de collaborer avec des entités militaires iraniennes.

Ainsi, le gouvernement iranien a restreint l’accès à Internet dans certaines régions. Ce n’est pas anodin.

De telles coupures rappellent les grandes pannes numériques de 2019, et témoignent du caractère potentiellement stratégique – voire politique – de l’attaque.

Fragilité structurelle

En résumé, ces trois événements, à eux seuls, suffisent à dresser un constat. La crypto n’est pas seulement un terrain d’innovation ou de spéculation. C’est aussi devenu un espace d’affrontement, où la naïveté des uns rencontre la malveillance (ou la stratégie) des autres.

Entre manipulations sentimentales, fraudes ciblées et cyberconflits géopolitiques, le secteur est exposé sur tous les fronts. Et si les autorités, les plateformes et les utilisateurs ne renforcent pas ensemble les balisent, ce genre d’affaires risque de se répéter.

En résumé

Finalement, ce qui devait être une révolution technique s’avère aussi une épreuve humaine. Arnaques émotionnelles, ciblage communautaire, opérations d’espionnage : la crypto n’échappe à rien. Ni aux escrocs, ni aux États, ni aux failles humaines.

Et dans ce chaos, la question n’est plus de savoir si la technologie est fiable. Elle l’est souvent. Mais plutôt : que fait-on des outils qu’on a créés ? Et qui les contrôle vraiment ?


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Esteban Durant
Esteban Durant

Trader en crypto-actifs depuis plusieurs années et passionné par l’univers décentralisé, je combine analyse technique, compréhension des fondamentaux et suivi macroéconomique pour naviguer efficacement sur les marchés volatils. J’ai découvert le Bitcoin en 2016, mais c’est en 2018, en pleine... Lire la suite

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