Le conglomérat d’État russe Rostec, surtout connu pour ses activités dans la défense et les hautes technologies, vient de dévoiler une initiative plutôt… inattendue.

Du moins à première vue : le lancement d’un stablecoin indexé sur le rouble baptisé RUBx, ainsi qu’une plateforme de paiement blockchain adossée à ce jeton.

Le tout, sur Tron. Oui, vous avez bien lu. Pas sur une chaîne maison ni sur Ethereum, mais sur Tron. Comme quoi, même les géants étatiques peuvent faire des choix qui détonnent.

RUBx : un stablecoin 100 % rouble, 100 % étatique

Le principe est simple. RUBx sera adossé 1:1 au rouble, avec une émission centralisée par Rostec lui-même. Pour chaque token émis, il y aura l’équivalent en roubles stocké quelque part. probablement dans des comptes bancaires russes, même si la mécanique exacte n’a pas encore été dévoilée dans ses moindres détails.

Les smart contracts associés seront disponibles en open source sur GitHub, selon les premières annonces.

Un audit est également prévu, mené par CertiK, cabinet bien connu dans le secteur pour ses vérifications de sécurité.

Autrement dit, Rostec veut montrer patte blanche, du moins sur l’aspect technique. Transparence contrôlée, en quelque sorte.

Contexte géopolitique et timing

Pourquoi maintenant ? Franchement, on ne va pas se mentir, ça ne tombe pas du ciel.
Rostec figure toujours sur les listes de sanctions occidentales depuis le conflit en Ukraine.

En effet, l’entreprise évolue dans un environnement où l’accès au dollar, à l’euro ou même aux infrastructures globales comme SWIFT est limité.

Or, le commerce international ne s’arrête pas pour autant. Il faut donc trouver des alternatives.

D’autant que les précédents ne plaident pas en faveur des stablecoins “non alignée”. Exemple : Garantex, plateforme russe visée par les sanctions, a vu une partie de ses fonds en USDT gelés.

Pour Moscou, dépendre de jetons émis par des entités américaines ou sous juridiction occidentale devient de plus en plus risqué.

Avec RUBx, Rostec cherche donc à créer une solution de rechange interne, qui ne soit ni sous la coupe de Tether, ni celle de Circle ou autre. Une sorte de « stablecoin souverain », en somme.

Une pièce dans le grand puzzle de la souveraineté numérique

Ce projet ne sort pas de nulle part. Depuis plusieurs mois, le Kremlin pousse à la création d’outils de souveraineté numérique. Il y a le ruble numérique, bien sûr — porté par la Banque centrale —, mais aussi des initiatives plus “privées”, comme celle-ci.

Alors assurément, on pourrait se demander : pourquoi Tron ? Ce n’est ni la chaîne la plus réputée pour sa décentralisation, ni la plus aimée des puristes.

Mais disons-le : Tron est rapide, peu coûteux, et peu regardant sur certains aspects réglementaires. C’est peut-être ce qui a fait pencher la balance.

Et maintenant ?

Difficile de dire si RUBx trouvera preneur en dehors du cercle des institutions russes ou de leurs partenaires commerciaux les plus proches. Mais ce qui est sûr, c’est que la Russie trace sa route dans un écosystème parallèle, loin du système financier occidental.

Le stablecoin RUBx et la plateforme RT‑Pay ne vont pas changer la donne du jour au lendemain.

Mais ils montrent une chose : le monde multipolaire ne s’écrit pas seulement en diplomatie ou en armes, mais aussi en code, en tokens, et en rails de paiement alternatifs. Et ça, ce n’est pas un détail.


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Esteban Durant
Esteban Durant

Trader en crypto-actifs depuis plusieurs années et passionné par l’univers décentralisé, je combine analyse technique, compréhension des fondamentaux et suivi macroéconomique pour naviguer efficacement sur les marchés volatils. J’ai découvert le Bitcoin en 2016, mais c’est en 2018, en pleine... Lire la suite

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