Hut 8, acteur minier lié à la famille Trump, accélère son internationalisation. La société vient de lever 220 millions de dollars pour renforcer ses capacités et s’implante à Dubaï.
Cette décision intervient alors que de nombreux projets crypto associés à Trump tissent des liens plus étroits avec les Émirats arabes unis. Le contexte géopolitique s’en trouve bouleversé.
Expansion stratégique de Hut 8 : Dubaï, nouveau centre névralgique
Hut 8, entreprise spécialisée dans le mining de Bitcoin, a officiellement enregistré un bureau à Dubaï selon des documents déposés auprès du Dubai International Financial Centre. La semaine dernière, la société a annoncé une levée de fonds de 220 millions de dollars pour l’achat de Bitcoin et d’équipements de mining.
Ironiquement, alors que certains responsables américains prônent la suprématie des États-Unis dans la crypto, ils finalisent en coulisses des deals de taille au Moyen-Orient. Omar Elassar, directeur chez Animoca Brands Middle East, souligne que les Émirats jouent le rôle de partenaire financier complémentaire plutôt que concurrent.
Toutefois, il note que le retard réglementaire des États-Unis pousse le capital et les innovateurs vers des juridictions plus flexibles, même parmi les figures pro-crypto les plus influentes. Ce phénomène illustre le dicton “l’argent n’a pas d’odeur” : la recherche d’un terrain favorable prime sur la loyauté nationale.
Enchevêtrements familiaux et stratégies institutionnelles
Hut 8 détient la majorité d’American Bitcoin, un projet cofondé par Eric Trump, ex-Chief Strategy Officer, et dont Donald Jr. est également actionnaire. Matt Prusak, ancien Chief Commercial Officer de Hut 8, dirige désormais American Bitcoin, tandis que deux cadres de Hut 8 siègent au conseil d’administration.
American Bitcoin prévoit une entrée en bourse via une fusion avec Gryphon Digital Mining, déjà cotée au NASDAQ. Hut 8 a confirmé à Bloomberg que son bureau de Dubaï abritera une équipe dédiée au trading et aux stratégies d’actifs numériques.
Hut8 étant déjà côté, cette aquisition et cette accélération pourrait bien pousser le cours à la hausse. Celui-ci peine à retrouver des plus hauts corrélés au Bitcoin, comme beaucoup de mineurs.
L’entreprise exploite déjà des sites au Texas, à New York et en Alberta, au Canada. Jakob Kronbichler, CEO de Clearpool et Ozean, estime que Dubaï permet d’élargir les stratégies de gestion de capital, du trading à l’investissement réel, un vrai eldorado pour les institutionnels.
Les ambitions de la famille Trump, qui souhaite faire des États-Unis le centre mondial de la crypto, s’orientent pourtant de plus en plus vers les Émirats. Dubaï attire les entreprises par sa fiscalité avantageuse et un cadre réglementaire souple, bien que ces conditions suscitent des interrogations sur le blanchiment et la criminalité financière.
Entre investissements massifs et controverse réglementaire
La fondation Aqua 1, basée aux Émirats, a récemment investi 100 millions de dollars dans les tokens de World Liberty Financial, une autre initiative crypto soutenue par Trump. Un des cofondateurs, Zach Witkoff, est le fils de Steve Witkoff, proche de Trump et ancien envoyé spécial au Moyen-Orient.
À Abu Dhabi, la stablecoin USD1, lancée par World Liberty Financial, soutient un investissement de 2 milliards de dollars dans Binance via MGX, un fonds local. Pendant ce temps, les tentatives démocrates pour limiter les profits présidentiels issus de la crypto restent lettre morte aux États-Unis.
Les liens entre la famille Trump et les Émirats sont anciens : golf, projets immobiliers, gratte-ciel en construction. Le Trump International Hotel and Tower de Dubaï, annoncé cette année, proposera des achats immobiliers en cryptomonnaies, a précisé Eric Trump en avril.
Cependant, la réputation de Dubaï comme hub crypto reste controversée. Les secteurs financier et immobilier sont surveillés pour leur rôle dans les flux financiers illicites, un secret de polichinelle pour les observateurs aguerris.
Enfin, des enquêtes de l’OCCRP ont mis en lumière la ville comme refuge pour le blanchiment, protégée par des règles de divulgation laxistes. Pourtant, la Virtual Assets Regulatory Authority de Dubaï a instauré un cadre dédié, offrant aux entreprises des directives claires selon Kronbichler.
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