L’envers du décor de Pumpfun

Lancée en début d’année, la plateforme Pump.fun a cartonné en permettant à tout le monde – même à ceux qui n’ont jamais codé – de créer et lancer des meme coins en un clin d’œil. Son succès a été phénoménal avec plus de 215 millions de dollars de revenus, 3,8 millions de tokens lancés, et un facteur essentiel à la croissance de Solana.

Néanmoins, derrière ce succès éclatant, il y a une face sombre. La fonctionnalité de livestream, lancée tout récemment et censée être un outil cool pour faire la promotion des projets, a viré au cauchemar. Contenus choquants, fraudes en tout genre, menaces de suicide ou de maltraitance animale…, c’est devenu un sacré cirque. Et forcément, cela ne passe pas inaperçu, à tel point que Pump.fun a dû désactiver temporairement les livestreams.

Une liberté de création qui tourne à l’excès

Au départ, l’idée des livestreams sur Pump.fun était plutôt fun : permettre aux développeurs de tokens de montrer leur créativité et d’interagir en direct avec leur communauté. Sauf que, comme souvent, quand il n’y a pas de limites, c’est parti en freestyle total.

Des développeurs ont commencé à partager des streams complètement déjantés pour attirer l’attention. On a vu de tout : des personnes qui menacent de se pendre si leur token n’atteint pas une certaine valeur, des enfants qui maltraitent des animaux devant la caméra, ou encore des vidéos racistes ou pornographiques.

Pumpfun needs to shut down. These are literally crazy people, willing to do any crazy shit, like school shooting, torturing, exposing body…

People doing anything for money is really sick.#pumpfun #rug pic.twitter.com/5qSL41zKFY

— Özge Erdemir (@ozgeerdemirx) November 25, 2024

L’un des plus choquants est certainemenet le livestreams de cet utilisateur menaçant de se pendre si son token n’atteignait pas une capitalisation de 25 millions de dollars, ou celui d’un adolescent générant 30 000 $ avec un rug pull en direct avant de disparaître, illustrent à quel point la plateforme est devenue une vitrine d’abus.

Une plateforme sous le feu des projecteurs pour les mauvaises raisons

Forcément, les scandales ont déclenché une énorme vague de critiques. Eddie, un stagiaire en droit (et visiblement pas leur plus grand fan), a résumé la situation en une phrase sur X :

Les contenus sur Pump.fun ? Ce n’est même pas intéressant, c’est juste de la paresse conceptuelle.

En résumé, c’est du choc pour le choc, sans aucune vraie créativité derrière. Et il n’est pas le seul à penser ça. Entre les investisseurs furieux, les régulateurs qui se frottent les mains, et les experts juridiques qui prédisent des procès, l’ambiance n’est pas au beau fixe.

D’un autre côté, le fondateur anonyme de Pump.fun, Alon, défend une modération qu’il qualifie de « robuste, mais imparfaite », affirmant que l’équipe de modération travaille 24 heures sur 24 pour gérer la croissance explosive de la plateforme.

this stream was taken down

— alon (@a1lon9) November 24, 2024

Cependant, ces affirmations sont remises en question par les utilisateurs, qui pointent du doigt une inefficacité chronique et un manque de transparence dans les décisions prises.

Par ailleurs, les experts en droit, comme Yuriy Brisov, mettent en garde contre des violations potentielles des lois sur la fraude électronique et sur les valeurs mobilières, surtout si Pump.fun continue d’héberger des projets frauduleux ou dangereux.

Un succès économique qui masque des risques systémiques

Malgré les controverses, les chiffres financiers de Pump.fun témoignent d’un succès indéniable. Plus de 215 millions de dollars de revenus, une explosion des transactions sur Solana, et des memecoins qui, malgré tout, attirent toujours autant le grand public.

Mais il suffit juste de creuser un peu pour tomber sur le potaux rose : sur les 3,8 millions de tokens lancés via la plateforme, seulement 1,2 % atteignent une capitalisation boursière de 69 000 $, soit le strict minimum pour espérer être listés sur des plateformes décentralisées comme Raydium.

Traduction ? La plupart des projets échouent ou se font descendre par des rug pulls (escroqueries où les créateurs disparaissent avec les fonds des investisseurs).

La plupart des projets échouent en raison d’un marketing insuffisant, d’une sursaturation du marché ou de rug pulls orchestrés par des développeurs anonymes. Ce cycle de spéculation rapide et de pertes massives fragilise la crédibilité de la plateforme et pourrait nuire à l’écosystème crypto dans son ensemble, à un moment où Solana cherche à convaincre les investisseurs institutionnels de sa robustesse.

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