Les crypto-monnaies influencent aujourd’hui la politique américaine et 2024 est l’année où le changement de paradigme sera clairement remarqué. En effet, l’industrie crypto, en plein boom, s’immisce dans les campagnes électorales, avec des sommes jamais vues auparavant.
Les cryptos n’ont jamais été aussi impliquées dans la politique, et l’industrie est plus déterminée que jamais à se faire entendre dans les débats électoraux et à influencer les réglementations à venir.
L’essor des dons en crypto-monnaies dans les campagnes politiques
Les crypto-monnaies ont débarqué dans la politique comme une météorite. En 2020, les dons rattachés aux cryptos étaient d’environ 15 millions de dollars. Ce chiffre bien modeste multiplié par 13 en seulement un cycle électoral. Ainsi, en 2024 les dons enregistrés sont de 190 millions de dollars.
Pourquoi cet engouement ? L’anonymat, la rapidité des transactions et le fait que les cryptos permettent de contourner pas mal de règles de financement classiques. Non seulement ces facteurs ont plu aux candidats et à leurs équipes de campagne, mais en plus les Super PACs, ces gros comités qui financent les campagnes, l’apprécient aussi.
En effet, les cryptos représentent pour eux une mine d’or : ils peuvent injecter de l’argent vers les candidats qu’ils soutiennent sans trop faire de vagues et éveiller les soupçons des autorités. Des groupes comme Fairshake et Protect Progress jonglent avec ces millions numériques pour soutenir aussi bien les démocrates que les républicains, tout en maintenant une apparente neutralité.
En même temps, l’industrie crypto s’assure une place de choix pour influencer la régulation future du secteur. Quand on y pense, les cryptos sont devenues une sorte de « soft power » financier.
Les cryptomonnaies et l’élection présidentielle américaine de 2024 : un soutien bipartisan
Cette influence guère mieux représentée qu’au niveau de la présidentielle de 2024. Aujourd’hui, les crypto-monnaies sont bien plus qu’une simple source de fonds pour les campagnes. Elles deviennent un symbole d’innovation et de stratégie politique.
Prenons Kamala Harris, par exemple. Chris Larsen, cofondateur de Ripple, a misé gros sur elle en annonçant lui faire un don de 10 millions de dollars en XRP via le Super PAC Future Forward. Et ce n’est pas son premier coup : déjà en août, il avait donné un million pour soutenir Harris.
It's time for the Democrats to have a new approach to tech innovation, including crypto. I believe @KamalaHarris will ensure that American technology dominates the world, which is why I’m donating $10M in XRP in support of her. https://t.co/vb9KJA87JK
— Chris Larsen (@chrislarsensf) October 21, 2024
En face, Donald Trump, malgré ses critiques passées sur le Bitcoin qu’il qualifiait de « fraude », a su attirer le soutien des leaders crypto tels que les frères Winklevoss et Jesse Powell, PDG de Kraken.
Contrairement à Harris qui est restée assez discrète sur ses plans pour l’industrie, la stratégie de Trump est de promettre aux mineurs de crypto un avenir plus radieux et s’opposer à la régulation étouffante, notamment l’émission d’une monnaie numérique par la banque centrale, tout en se présentant comme l’ennemi juré de Gary Gensler, président de la Securities and Exchange Commission (SEC).
Influence croissante des cryptos sur le paysage politique et réglementaire américain
Si les projecteurs sont sur la présidence, c’est bien dans les courses au Congrès et au Sénat que l’argent des cryptos fait le plus de bruit, mais sans éclat médiatique. Plus de 130 millions de dollars déjà injectés dans les courses aux sièges de la Chambre des représentants et du Sénat, visant à placer des alliés pro-crypto dans des positions de pouvoir stratégique.
Des supers PACs comme Fairshake jouent un rôle central, distribuant des millions de dollars à des candidats républicains comme démocrates, avec une attention toute particulière aux États-clés comme la Californie, bastion de l’industrie blockchain, le Nevada, New York ou encore l’Arizona.
Par exemple, des figures démocrates comme Patrick Ryan (D-NY) ou Steven Horsford (D-Nev.) ont reçu près de deux millions chacun, soutenus par des groupes pro-crypto.
Mais attention, la générosité est également présente chez les républicains : David Valadao et Michael Garcia, deux candidats engagés dans des courses serrées dans le sud de la Californie, ont bénéficié de millions de dollars. Ici, l’objectif est clair : assurer que des législateurs pro-crypto soient au pouvoir, façonnant ainsi les futures régulations de ce secteur en plein boom.
L’enjeu n’est pas seulement économique ou technologique, c’est une bataille pour contrôler les règles du jeu politique à long terme. À travers des dons bipartisans, la crypto s’assure de ne pas se faire d’ennemis, peu importe qui sortira victorieux de cette élection.
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