Depuis quelques semaines, une drôle d’alerte monte du côté de Nairobi. Officiellement, le Kenya travaille à encadrer les services liés aux cryptomonnaies.
Le Parlement avance sur le VASP Bill, un texte censé apporter une réglementation claire pour les plateformes, courtiers et autres opérateurs crypto. Jusque-là, rien d’anormal.
Sauf qu’un nom revient, toujours le même, en arrière-plan : Binance.
Une Chambre de commerce crypto, mais pour qui ?
Le cœur du débat tourne autour d’une structure au nom assez neutre : Virtual Asset Chamber of Commerce (VAC). Elle a été intégrée au board chargé de conseiller le gouvernement sur le futur cadre légal des actifs numériques.
Problème : plusieurs voix s’élèvent pour affirmer que la VAC serait soutenue financièrement par Binance.
Rien d’officiel noir sur blanc, mais plusieurs sources locales évoquent des financements mensuels d’environ 6 000 dollars par pays africain, versés par Binance à ses partenaires “stratégiques”.
Plusieurs jeunes pousses locales accusent la VAC de favoritisme : si elle est en partie financée par Binance, comment pourrait-elle défendre une régulation équilibrée ?
Le soupçon est simple : une organisation financée par un acteur dominant ne peut pas être neutre dans la rédaction de règles censées s’appliquer à tous. C’est un peu comme demander à Coca-Cola de rédiger les lois sur les boissons sucrées.
Silence radio… ou presque
La VAC, de son côté, assure n’avoir rien à cacher. Son responsable, Basil Ogolla, déclare que l’organisation participe depuis des mois à des réunions de travail avec la Banque centrale, le ministère des Finances, voire le FMI.
Officiellement, elle se positionne comme une chambre représentative de l’écosystème crypto africain. Mais, dans les faits, c’est flou. Très flou.
Binance, quant à elle, ne figure nulle part sur la liste officielle des partenaires de la VAC. Pas un logo, pas une mention.
Pourtant, des sources croisées confirment que la formation de parlementaires kényans sur la crypto, organisée récemment, s’est faite en partenariat avec Binance et la VAC.
Les images sont publiques, la documentation aussi. Alors pourquoi ce silence ? Pourquoi ne pas clarifier les liens ? Franchement, à ce niveau, ce n’est plus un oubli. C’est un choix.
Influence rampante, modèle répété
Ce genre de stratégie n’est pas inédit. Binance a déjà pris pied dans plusieurs pays en utilisant le même schéma : formation des régulateurs, partenariats éducatifs, intégration “discrète” à des organes de conseil.
Au Kirghizistan, un partenariat public a été signé pour former les institutions. Au Pakistan, Changpeng Zhao, l’ex-CEO, a même été nommé conseiller sur la régulation crypto.
Et au Kenya, on assiste à la même chose. Mais avec une tension plus forte. Car ici, des entreprises locales dénoncent une tentative de prise de contrôle douce, presque invisible. Une sorte de “monopole informel”, qui ne dit pas son nom.
On ne va pas se mentir : dans un pays où la régulation financière reste fragile, cette emprise inquiète. Et pas seulement localement.
Une régulation perçue comme influencée par un acteur unique pourrait exposer le Kenya à des sanctions internationales. Liste grise du GAFI, méfiance de l’Union européenne… Ce n’est pas anecdotique.
Just wrapped up an amazing Binance meetup at Mount Kenya University in Thika 🇰🇪
430+ students pulled up with full energy, questions, and serious Web3 curiosity 👏
The future of crypto in Kenya is looking bright! pic.twitter.com/vpJ3gstB3a
— Binance Africa (@BinanceAfrica) June 19, 2025
Et maintenant, on fait quoi ?
Le projet de loi est toujours en discussion. Une phase de consultation publique est ouverte. Il reste donc une chance de rééquilibrer les forces, d’écouter les PME, les développeurs locaux, ceux qui innovent sur place sans milliards en réserve.
Mais pour ça, encore faut-il que les décideurs s’affranchissent des grandes ombres qui planent sur leurs épaules.
Disons-le : réglementer la crypto est une urgence. Mais encore faut-il que ce soit fait pour tous, et non pour quelques-uns.
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