Depuis dix ans, le U.S. Secret Service, via son centre GIOC (Global Investigative Operations Center), s’est discrètement, mais résolument installé dans le paysage de la lutte contre les crimes financiers en cryptomonnaie.
Le chiffre est tombé récemment : près de 400 millions de dollars en actifs numériques ont été récupérés auprès de criminels.
Pas en un jour, ni en un mois — non, sur une décennie d’enquêtes, de filatures numériques, de saisies coordonnées.
Le tout repose sur un portefeuille froid sécurisé — un seul, apparemment, où sont conservés les fonds saisis.
Le Service collabore désormais avec plus de 60 pays. Formations, partenariats, interventions : le ton est donné. Ce qui était encore considéré comme un Far West numérique devient peu à peu un terrain de chasse réglementé.
Des méthodes classiques… et d’autres plus inventives
La traque ne repose pas uniquement sur la technologie. Bien sûr, l’analyse blockchain reste au cœur des opérations, mais c’est souvent l’humain qui trahit : un lien mal protégé, une adresse IP qui fuite, un transfert qui coïncide avec un voyage. À l’ancienne, parfois.
En parallèle, les équipes s’appuient sur des injonctions judiciaires (subpoenas), mais aussi sur des données en libre accès. On parle d’OSINT, ou open-source intelligence — en clair, tout ce qui traîne sur Internet et qui peut être recoupé avec des adresses ou des transactions suspectes.
Et puis il y a les partenariats avec les exchanges. Coinbase, Tether et d’autres coopèrent, gèlent des portefeuilles, signalent des anomalies. Ce n’est pas toujours fluide, mais ça fonctionne de mieux en mieux.
Il y a eu, en juin 2025, une opération spectaculaire : 225 millions de dollars saisis dans une affaire de « confidence scam« , ce type d’escroquerie où l’on manipule des victimes pour les amener à investir — souvent des personnes âgées.
À elle seule, cette saisie représente plus de la moitié du total évoqué. Un symbole, certes, mais aussi un rappel que l’essentiel de ces fonds vient de quelques affaires massives.
JUST IN: 🇺🇸 US Secret Service launches global operation to combat crypto scams. pic.twitter.com/OCbaEHB7xt
— Watcher.Guru (@WatcherGuru) July 5, 2025
Face aux milliards volés, des moyens encore dérisoires ?
On ne va pas se mentir : les escroqueries crypto explosent. En 2024, selon Chainalysis, les pertes ont frôlé les 9,3 milliards de dollars. Et sur ce total, 2,8 milliards provenaient de victimes âgées.
Autant dire que les 400 millions récupérés, aussi impressionnants soient-ils en valeur absolue, ne représentent qu’un mince filet dans un océan de pertes.
Disons-le franchement : le Secret Service marque des points, mais la machine à escroquer continue de tourner à plein régime. Les systèmes judiciaires sont lents, les victimes généralement isolées, et les auteurs bien organisés.
Résultat : pour une affaire résolue, combien passent entre les mailles du filet ?
Le contraste est saisissant entre les moyens engagés et l’ampleur du phénomène. Même avec des partenariats solides et une volonté politique affirmée, la nature même des actifs numériques — pseudonymes, décentralisés, globaux — rend l’équation incroyablement complexe.
Un combat de fond, pas une victoire immédiate
Le Secret Service ne prétend pas avoir réglé le problème. Ce n’est pas le genre. Mais il avance, pièce par pièce, dossier après dossier. La saisie de 400 millions en crypto est une étape, pas une fin en soi.
Elle témoigne surtout d’un tournant : les autorités, longtemps dépassées, commencent à se hisser à la hauteur des enjeux numériques.
Reste à savoir si cela suffira. Parce que pendant qu’on clôt une affaire, d’autres naissent ailleurs. C’est un jeu d’endurance. Et à ce jeu-là, chaque petite victoire compte — même si elle laisse un goût d’inachevé.
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