C’est passé presque inaperçu avec la quantité des annonces crypto récentes. Pourtant, c’est une nouveauté qui compte, depuis fin mai 2025, la plateforme Bybit propose aux utilisateurs de trader des actions américaines, de l’or, des indices boursiers ou encore des paires de devises internationales… directement en USDT.
Pas en dollars. Pas via une banque. L’intégration a commencé discrètement avec MetaTrader 5, la plateforme de trading bien connue des investisseurs Forex et matières premières.
Mais cette semaine, le 13 juin, Bybit a poussé l’expérience plus loin, en rendant ce nouveau service accessible depuis son application mobile, dans une nouvelle section baptisée “Gold & FX”.
Une Bourse intégrée dans une app crypto
Concrètement, les utilisateurs peuvent désormais spéculer sur le cours de plus de 70 actions américaines (Apple, Tesla, Amazon, Nvidia…), ainsi que sur l’or, le pétrole, le Nasdaq, ou encore les taux de change entre le dollar, l’euro, le yen ou la livre sterling. Et tout cela, sans sortir de leur portefeuille USDT.
La stratégie de Bybit est claire : proposer un accès direct aux marchés traditionnels depuis l’écosystème crypto, sans conversion, sans intermédiaire bancaire.
Le tout avec une interface épurée, intégrée à l’application mobile de l’exchange. Pour attirer les curieux, les frais de trading sont réduits de moitié jusqu’au 15 juin, ce qui place temporairement la plateforme parmi les moins chères.
The wait is over! You can now trade Gold/stock/forex and indices directly on your Bybit App. Open your Bybit app, go to trade then TradFi to explore. pic.twitter.com/P9uGLY3FD4
— Ben Zhou (@benbybit) June 13, 2025
Le stablecoin comme nouvelle unité de compte
Le choix de l’USDT (Tether) comme devise de référence n’est pas anodin. Ce stablecoin, qui a longtemps été critiqué, reste en 2025 le plus utilisé au monde.
D’après les données de Kaiko et CoinGecko, l’USDT représente à lui seul plus de 70 % des volumes sur les exchanges centralisés, et sa capitalisation a franchi les 155 milliards de dollars au 9 juin dernier.
Sa dominance ne faiblit pas. L’USDC, pourtant soutenu par Circle et Coinbase, n’a toujours pas regagné le terrain perdu après les secousses réglementaires de 2023-2024. Quant à d’autres stablecoins “décentralisés”, comme DAI ou crvUSD, leur adoption reste faible.
Le Tether s’est imposé, comme la monnaie de réserve, mais aussi comme un outil pratique dans des pays où les devises locales sont instables. Au Nigeria, au Liban, en Argentine, ou encore en Turquie, les échanges en USDT via Telegram ou Binance P2P sont monnaie courante.
Des actions en stablecoin, mais sans dividendes
Attention toutefois : ce que propose Bybit n’est pas un accès à la Bourse au sens propre du terme.
Il ne s’agit pas d’acheter réellement des actions Apple ou Nvidia. L’utilisateur ne reçoit pas de titre de propriété, pas de dividende, aucun droit de vote.
Il s’agit de contrats sur la différence de prix (produits dérivés), qui permettent de spéculer sur les variations des actifs, à la hausse comme à la baisse. Communément appelé ‘Short’ ou ‘Long’ dans le langage de la crypto.
Ce type de produit est connu dans le secteur traditionnel sous le nom de CFD (contrats sur différence).
Bybit n’utilise pas explicitement ce terme, mais le fonctionnement est identique. Et comme sur les autres plateformes crypto, l’utilisateur traite directement avec la plateforme.
Cela soulève des questions de transparence, même si les utilisateurs crypto sont généralement conscients de cette logique.
Vers un monde sans intermédiaire ?
Ce que cette évolution raconte, au fond, c’est la volonté des exchanges de rapprocher les marchés crypto et traditionnels, sans passer par les institutions bancaires.
Bybit n’est pas le premier à le faire : Binance avait déjà expérimenté des actions “tokenisées” en 2021, avant de les retirer sous pression réglementaire. Mais ici, pas de token. Pas de promesse de détention. Juste un pont, discret, mais fonctionnel, entre deux mondes.
Une extension du domaine du stablecoin
Avec cette initiative, Bybit ne transforme pas encore l’accès aux marchés, mais pose une brique de plus dans la construction d’une finance parallèle, fluide, toujours ouverte, et de plus en plus difficile à séparer du système global.
Acheter du pétrole avec du Tether, miser sur le Nasdaq sans passer par une banque ? C’est désormais possible. Est-ce que ça durera ? Trop tôt pour le dire. Mais ce qui est sûr, c’est que la frontière entre crypto et finance traditionnelle s’efface un peu plus chaque mois.
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